Faut-il être surpris par la révélation des écoutes effectuée par la NSA ? Je ne le pense pas. Voici ce qu'écrit ce matin, dans un éditorial intitulé "Méfiance", Johan HUFNAGEL de Libération :
"On se met en position de tout analyser, et d'écouter n'importe qui, dans une société obsédée par le terrorisme. C'est le cas des États-Unis post 11 septembre, ce sera le cas de la France post 7 janvier avec la mise en place dela loi sur le renseignement qui sera votée mercredi. Sauf queces moyens "vendus" aux citoyens pour luttter contre les nouveaux dangers du monde servent à bien d'autres choses. Avec les nouvelles révélations de WikiLeaks, un nouveau masque est tombé. "
Lire l'editorial de J. Hufnagel ici : http://www.liberation.fr/monde/2015/06/23/tous-les-coups-sont-donc-permis_1335698
On a beaucoup entendu le terme « binôme » ces derniers jours. Mon binôme par-ci, ma binôme par-là…
On dirait que non seulement, candidats, élus et électeurs ont du mal à appréhender le nouveau système électoral mais aussi qu'ils s’emmêlent un peu les pinceaux dans le vocabulaire.
En français, et en mathématiques, d'après le site du CNTRL, le binôme est « une expression algébrique formée par la somme ou la différence de deux termes ou monômes ». En sciences, il s'agit d'un « ensemble de deux noms latins dont le premier indique le genre et le second l'espèce ».
D'après le Larousse, en langage familier, on désigne ainsi un « ensemble constitué de deux éléments, de deux personnes considérés en bloc ». Et l'utilisation souvent faite actuellement pourrait se révéler correcte si on désignait « un camarade de classe, ou de chambre »… Sans commentaire.
En créole, d'après le "dictionnaire d'expressions créoles" de Daniel Honoré, l'expression : « Té ! Binõm ! » se traduit par « Oh ! Bonhomme ! » ou bien « Salut l'ami ! ».
Est-ce à dire, qu'en cette saison, dans le monde politique réunionnais, il y a des binõm partout ?
Image : Confusion by Adi Ron (2005)
En bas de la page 8 du Quotidien de la Réunion de samedi 5 juillet 2014, on y voit un encart payant de Félicitations aux "bacheliers et nouveaux diplômés 2014, d'origine chinoise".
Je me dis que nous ne sommes pas prêts de voir des "félicitations aux fils et filles de petits blancs, de Cafres, ou de "mélanzés".
Et c'est heureux, je préfère nettement le tweet de la député qui a écrit : "J'adresse mes sincères félicitations aux bachelières et bacheliers. Bravo, Aux jeunes réunionnais qui ont aujourd'hui en poche une des clés de leur avenir."
Ainsi, après le passage de Karam, nos conseillers généraux de la Reunion ont signé une motion pour demander un même taux de chomage et un même taux de pauvreté [ qu'en France, j'imagine ].
La Réunion mérite une plus grande ambition que cela.
Je l'ai trouvé beau ce film de Spike JONZE que j'ai vu cette semaine, au cinéma Utopia de Toulouse. J'aime beaucoup ce lieu et l'esprit qu'on y sent.
On est en 2026 ou 36. Cà se passe à Los Angeles, mais l'histoire aurait pu être dans n'importe quelle autre ville. L'univers montré se résume à des espaces avec peu de monde.
Théodore travaille, avec quelques autres, pour un site internet . Il écrit des lettres d'amour pour des inconnus .
Ce film qui nous parle de l'évolution de l'intelligence artificielle et de ce vers quoi nous allons. Il nous laisse avec l'idée que les ordinateurs vont finir par acquérir une conscience. L'interactivité est telle que les machines arrivent à s'adapter à la personnalité des « utilisateurs » dans une relation quasi humanisée.
Et les histoires d'amour finissent par naître entre l'humain et la machine.
Et une histoire d'amour vient à naître entre Théodore le solitaire et Samantha. Samantha c'est un OS – système d'exploitation – qui a la voix de Scarlett Johansson.
Ce beau film fait naître des réflexions sur la solitude, la difficulté à communiquer directement avec l'autre, à construire des relations dans le temps, le rapport de l'homme à l'intelligence artificielle.
Je l'ai trouvé beau et plein de sensibilité.
Ce texte (ci-dessous) de l'ami Marc Vandewinckele était dans ma boîte courriel depuis 3 jours. Je viens de le découvrir et le partage avec plaisir.
" Pour les démocrates (très nombreux dans notre île) la lâcheté consisterait à ne rien dire entre les deux tours, laissant faire les états-majors des listes en compétition, au mépris parfois des convictions de leurs propres électeurs.
Depuis « l’appel pour sortir du fénoir » (2001) et celui lancé à « Dos d’Ane » par l’ADELROI (Association pour la démocratie locale à La Réunion et dans l’Océan Indien) en 2009 pour « la décolonisation des esprits et des pratiques », rien n’aurait-il bougé dans le paysage ? Certainement pas. L’émergence de nouveaux partis à côté des forteresses « traditionnelles », et de nouveaux mouvements, concrétisés par le nombre imposant de ceux que les médias ont appelé « les petits candidats », en sont déjà la preuve.
La réduction drastique du pourcentage de voix recueillies par des « ténors » habitués aux scores « soviétiques », comme on a pu le dire, en sont une autre. Mais le plus important est dans la conscientisation des citoyens qui ne se laissent plus rouler dans la farine.
L’esprit critique (trop peu cultivé à l’école et en éducation populaire) et le poids des micro-initiatives indépendantes des pouvoirs politico-institutionnels irriguent bien le tissu local, et sont les meilleurs garants du développement économique, culturel et social de La Réunion, dans une démocratie délibérative.
Le malheur est sans doute dans le silence social et politique des abstentionnistes qui ne croient pas encore que leur parole et leur action puissent faire bouger les lignes.
Parmi eux, les désespérés : ceux qui ne croient plus en la possibilité de la classe politique d’écouter leurs besoins de vivre et de survivre, et d’y répondre, en les consultant, avant de décider « pour eux » et « avec eux ».
C’est alors que la tentation est grande de refaire confiance à des personnalités ayant pu être marquées jadis par des affaires « jugées », les rendant inéligibles temporairement, avec l’illusion qu’ils pourraient être leurs sauveurs.
Des loups peuvent ainsi revêtir la peau de l’agneau, et se présenter habillés en rois-mages, pour nous mettre en boîte dans leurs coffrets, remplis de cadeaux trouvés au super-marché de la supercherie, légitimée par la défense de la « proximité », dans le sens de rester tranquillement « chez soi » où les politiques s’occuperont d’eux.
Face à eux, d’autres, « sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents » (article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789) qui ont essayé ou qui veulent essayer de construire patiemment un « vivre ensemble », avec les citoyens, doivent « ramer » pour expliquer concrètement la différence entre démagogie et démocratie, dans une République basée sur la « liberté-égalité-fraternité ».
En France hexagonale, certains commentateurs laissent à penser que beaucoup de Français seraient tentés par le « bonapartisme » : des nostalgiques de l’empire Napoléonien dont on connaît les ravages pour notre démocratie.
Chez nous, il est légitime de s’interroger sur un retour, plus ou moins consciemment souhaité, au temps des maîtres, des gouverneurs, et des papas, qui maintiendront le bon ordre et le paternalisme individualisant.
Avant de voter dimanche, en nous forçant, s’il le faut, à sortir de notre abstention, inspirons-nous de l’appel aux électeurs, lancé le 22 mars 1871 par le Comité Central de la Garde Nationale (Commune de Paris) :
« Citoyens, ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt, et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action. Ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire, ou à un mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. (…) Citoyens, nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire ; vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres. »
(On ne parlait pas des femmes en 1871 ! Heureusement que ce temps-là est dépassé)."
Marc Vandewynckele
Comme d'autres, je trouve cette affaire grave. Et je me suis autorisé à écrire cela à nos sénateurs-trices de la Réunion.
Monsieur le Sénateur, Madame la Sénatrice,
Le constat est qu'une fraction grandissante de la population française - et réunionnaise - ne se sent plus représentée par ses élus.
Quel terrible signal que celui donné par le bureau du Sénat hier ?
La levée de l'immunité, malgré ce qu'en pense l'opinion, n'équivaut pas à condamnation. Elle ne vise qu'à faciliter l'acte de justice.
Il apparaît clairement que ce cénacle a choisi de protéger l'un des siens, un puissant. Il le fait en entravant délibérément le travail de la Justice.
Il est intolérable que les sénateurs aient préféré protéger un des leurs au nom d'intérêts partisans ou non-avouables.
Après « l'actualité Dieudonné », c'est le bureau du Sénat qui donne un sérieux coup à une démocratie de plus en plus bousculée.
Je crois qu'il faut aller plus loin dans la transparence. Il faut que les votes de chaque membre du bureau deviennent publics.
Monsieur le Sénateur - Madame la Sénatrice, je pense qu'il est important que vous vous exprimiez publiquement sur cette affaire et comment vous pensez intervenir pour empêcher notre démocratie de continuer à sombrer.
Cordialement,
Vous pouvez voir les films du festival et participer au jury citoyen, en ligne jusqu'au 23 décembre 2013 sur www.festivalfilmeduc.tv